Kad Merad en faux pape, kidnappé par un cartel mexicain : sur le papier, "Papamobile" avait tout pour marquer l’été. Pourtant, cette comédie au pitch décalé ne sort que dans sept salles en France. Pourquoi ce sabotage discret mais radical ? Le cas "Papamobile" révèle les failles d’un système où même les têtes d’affiche ne garantissent plus le succès en salle.
Une comédie avec Kad Merad, invisible dans les grandes villes
Sorti le 13 août, Papamobile n’a trouvé refuge que dans sept petites salles de province. Aucune diffusion à Paris, Lyon ou Marseille. Une disparition totale des radars, d’autant plus étrange que Kad Merad y tient le rôle principal, grimé en pape blond peroxydé.
Le pitch ? Un imposteur en soutane enlevé par un cartel mexicain, confondu avec le vrai pape. Sur le papier, la promesse d’un road-movie satirique et absurde.
Mais à l’arrivée, un film que personne ne peut voir… sauf dans ces cinémas bien précis :
- Le Pandora à Avignon (Vaucluse)
- Le Normandy à Bagnoles-de-l’Orne (Orne)
- Cinéma Le Rio à Saverne (Bas-Rhin)
- Le France à Romans-sur-Isère (Drôme)
- Cinéma Le Redon à Évian-les-Bains (Haute-Savoie)
- Cinéma Le Bourg à Douvaine (Haute-Savoie)
- Cinéma Vox à Avignon (2e salle dans la ville)
Une diffusion microscopique qui interroge autant qu’elle intrigue.
Un naufrage annoncé dès le montage final
Le distributeur, The Jokers Films, assume une décision radicale : "Le montage final s’est révélé décevant", confie Violaine Barbaroux. À l’interne, on évoque un film "pas à la hauteur" de ses ambitions, malgré un casting solide et un scénario prometteur.
Le producteur Jean Bréhat va plus loin, évoquant "une comédie pas drôle" selon les premiers retours. Résultat : aucune campagne nationale, une bande-annonce minimaliste, et un budget marketing réduit à peau de chagrin. Impossible, dans ces conditions, d’enclencher un bouche-à-oreille ou une curiosité médiatique.
Un avenir numérique déjà tracé pour Papamobile
Malgré ce crash en salles, Papamobile n’est pas mort. Amazon a déjà acquis les droits de diffusion, et le film sera visible sur OCS dans les prochains mois, puis en streaming en 2026.
Son réalisateur, Sylvain Estibal, continue de défendre un film "humain et absurde", qui traite de religion, migration et narcotrafic avec humour.
Mais la vraie question demeure : comment un tel projet a-t-il pu être sabordé avant même sa sortie ? Entre désillusions créatives, arbitrages économiques et saturation des écrans, Papamobile devient le symbole d’un cinéma fragilisé, où la salle n’est plus une garantie.
Une sortie fantôme qui interroge le système
Papamobile, film sacrifié ou juste raté ? Difficile à dire sans l’avoir vu. Mais son cas interroge : un Kad Merad, un concept fort, et pourtant l’indifférence générale.
Et si le cinéma français devait revoir sa copie en matière de distribution ? Une chose est sûre : ce film-là, il faudra bientôt le chercher… sur votre canapé, pas au cinéma.
Sources : Le PARISIEN, TF1
