Test de Skull and Bones: Un quadruple A au bord du naufrage
Publié le : 01 Oct 2024 vers 21:14
Avant de commencer ce test, je tiens à remercier Ubisoft pour cette opportunité de prendre la mer sur Skull and Bones avant même sa sortie officielle. Ce test a été effectué sur PC au clavier-souris.
Développé par Ubisoft Singapour, Skull and Bones est un RPG d’action à monde ouvert sur le thème des pirates. Attendu comme la relève d’Assassin’s Creed IV Black Flag pour ses combats navals poussés, Skull and Bones est-il à la hauteur?
Un développement plus long que GTA VI
Report après report
Annoncé pour la première fois à l’E3 2017, le jeu à connu six délais consécutifs repoussant à chaque fois la date de sortie. En 2020, le jeu aurait subi un reboot quasiment complet selon la presse française. 3 directeurs artistiques et 111 millions d’euros plus tard, Skull and Bones à enfin vu le jour.
Gravir les échelons pour devenir Kingpin
La progression dans Skull and Bones est assez linéaire et il faudra une quinzaine d’heures au maximum pour gravir les échelons de la piraterie jusqu’à devenir Kingpin. Une fois le rang de Kingpin atteint et les missions principales terminées, nous nous tournons vers la Trimonie et son réseau de contrebande. Dans l’end-game, le but est de créer son empire et de s’enrichir pour pouvoir se payer les meilleurs bateaux et les meilleures armes. Les PNJ continueront de donner des missions secondaires et tertiaires quoi qu’il arrive, même si elles sont parfois dupliquées.
Graphismes
Graphiquement, Skull and Bones propose un beau rendu pour un open world, sans pour autant concurrencer un Assassin’s Creed. Les environnements des avant-postes sont variés et très détaillés, tout comme les deux villes principales. Cependant, les animations et les visages des PNJ sont rigides, chose qui n’est pas le cas sur d’autres jeux Ubisoft. De plus, l’image semble avoir une légère couche brillante qui accentue toutes les couleurs. On regrette qu’il y ai autant de cinématiques, notamment sur les abordages ce qui tâche l’immersion et donne l’impression d’être spectateur et non joueur.
Gameplay : Des vagues d’ennui
Mais où est passée l’histoire principale?
Après 10 ans de développement, on s’attendait à une histoire envoûtante digne d’un Pirate des Caraïbes. En réalité, les missions principales sont remplacées par des contrats semblables à des missions secondaires. C’est un choix des développeurs qui souhaitaient que les joueurs créent leur propre histoire plutôt que de suivre une narration. Sauf qu’au final, on se retrouve avec une quarantaine de contrats qui ne sont qu’une variation de missions secondaires.
Le contenu des missions est lui aussi alarmant. Pour la plupart, il s’agit de couler un bateau, chose faite sans grande difficulté. Ensuite viennent les pillages de forts, de scieries et autres points d’intérêt. Après avoir dégommé les tours, des bateaux ennemis viennent par vague, souvent seuls. Autant dire que les pillages se déroulent sans bouger d’un doigt.
Viser les points faibles
Les combats dans Skull and Bones se résument à bien négocier sa stratégie d’approche et à viser les points faibles des navires ennemis. Ces derniers sont indiqués en rouge fluo et sont plus ou moins gros selon le bateau. Par exemple, un bateau marchant arborera un énorme point faible de chaque côté de la coque alors que sur un navire de guerre, ce point-faible se trouve généralement au niveau de la barre ou au niveau des canons.
Les combats, bien qu’ils manquent de variation, sont amusants, et on peut se joindre à un combat déjà en cours entre deux navires IA. Quand trois ou quatre factions se retrouvent dans le même conflit, le chaos qui s’en dégage est envoûtant.
Entre bugs et frustration
En se passant d’une trame narrative, on pensait que les développeurs se concentreraient sur les autres aspects du jeu comme la maniabilité des navires ou la gestion des ressources. Encore une fois, ces aspects sont passés par-dessus bord.
Faute à un choix de combats navals très arcades, le comportement des navires sur l’eau est irréaliste. Tout d’abord, ils tournent sur l’eau comme une baguette congelée dans le micro-onde. Leur mouvement sur les vagues donne l’impression qu’ils ne pèsent rien, et avec seulement 3 configurations de voiles, l’effet du vent n’est que très rarement à l’avantage du joueur.
Les raccourcis de développement se ressentent également dans l’interaction avec les PNJ, notamment à Saint-Anne où les gardes de Skurlock parlent en text to speech. Bref, l’appeler AAAA semble plus qu’ambitieux à l’heure actuelle.
Finalement, la récolte de ressources devient obsolète lorsque vous vous rendez compte que vous pouvez directement acheter les matières premières à Saint-Anne ou piller les versions raffinées de ces mêmes ressources sur un bateau marchand.
Plutôt solo ou coop?
Pour vous, j’ai testé le deux. Et il n’y a pas photo. Jouer en solo c’est bien cinq minutes mais cela devient vite lassant. Ce n’est pas tant un problème de difficulté mais plutôt l’ennui qui s’installe après quelques missions à tourner en rond en dégommant une IA qui alterne entre le chaud et le froid.
Pour pousser les joueurs à faire équipe, des évènements/contrats coop apparaissent régulièrement sur la carte. Les missions consistent à couler et piller des bateaux qui sont essentiellement des sacs à PV. Sauf que ces évènements sont tellement mal codés qu’aucun joueur ne s’y risque. Le plus souvent on s’acharne sur ces convois jusqu’à ce que l’on n’ait plus de boulets de canons, après quoi il faut faire un aller-retour à l’avant-poste le plus proche pour se réapprovisionner. Et bis repetita.
La partie PVP du jeu se résume à quelques captures de zones ou des têtes mises à prix. Comme pour les missions coop, personne n’y participe jamais et lorsqu’un joueur vous voit entrer dans la zone PVP, il se ravise et s’enfuit.
Le point positif : la personnalisation des navires
Tout n’est pas à jeter dans Skull and Bones. Par exemple, le niveau de personnalisation des navires est au rendez-vous à tous les niveaux.
- Armes – Selon la taille du bateau, les emplacements disponibles permettent d’équiper différents types d’armes. La variété d’armes et de projectiles est vaste, tous ayant leur spécificité. Si votre style de jeu est le combat rapproché, alors les roquettes, le feu grégeois et les canons courts sont à privilégier. Au contraire, si le combat éloigné vous plaît, les canons longs et les mortiers seront très efficaces.
- Mobilier – À mon goût il y en a trop. Mais là encore, les différents mobilier permettent de personnaliser l’expérience de jeu et d’améliorer certains aspects de votre bateau comme les dégâts des armes, la vitesse de pointe ou encore la réparation de votre navire.
- Apparence – La voile, la coque, l’armature, la barre, la proue, l’animal de compagnie, l’apparence des matelots, la vigie, tout est modifiable sur le bateau.
Chaque navire est ainsi unique, ce qui permet de créer une complémentarité quand vous jouez en coop.
Le Prix: 89,99€, vraiment?
Lorsqu’on additionne les points évoqués plus haut, la question du prix se pose. Surtout quand on sait que des Batte Pass Premium de contrebandier seront mis en vente chaque saison.
La réalité est que Ubisoft se doit de rentabiliser ce projet qui a coûté des millions en interneSkull and Bones est un jeu service qui propose de nombreux articles cosmétiques disponibles à l’achat mais qui ne donnent aucun avantage en jeu. La formule est simple: traire la vache à lait au maximum avant de passer à autre chose.
Verdict final
Après une décennie de développement et de nombreux bâtons dans les roues, Skull and Bones s’avère être l’une des premières déceptions de cette année 2024. Le manque d’histoire principale et les raccourcis de développement tâchent l'expérience de jeu qui se résume à des combats navals qui alternent entre le très bon et le moins bon à cause du style arcade. Le jeu n’est pas un naufrage complet pour autant, offrant un gameplay amusant à plusieurs et une personnalisation très poussée des différents navires de votre flotte. Finalement, le prix ne semble pas justifier la copie rendue. Skull and Bones s'inscrit-il dans la durée avec du contenu post-launch? C’est ce que nous lui souhaitons. En attendant, on retournera sur Sea of Thieves.Les points clés
- L’ambiance
- La bande sonore
- Beaucoup de contenu…
- Navire personnalisable selon le style de jeu
- Le prix exorbitant
- Les bugs insupportables …Mais répétitif
- Le manque cruel de trame narrative
- On passe notre temps à naviguer de A à B
- La téléportation coûte plus cher que les récompenses de missions
- Multijoueur sans joueurs…