Apple vient d’annoncer une nouvelle version de son casque de réalité mixte Vision Pro, désormais équipé de la puce M5 et d’un nouveau bandeau à sangle double. Si les évolutions techniques sont bien réelles, elles ne parviennent pas à masquer l’essentiel : plus de deux ans après sa présentation en grande pompe, le Vision Pro peine toujours à justifier son existence, son prix et son avenir.
Une mise à jour solide, mais sans éclat
Présenté comme un "nouveau standard de l’informatique spatiale", le Vision Pro version M5 s’appuie sur la dernière puce d’Apple pour améliorer la fluidité, l’autonomie et le rendu visuel. Gravée en 3 nm, la puce M5 intègre un CPU à 10 cœurs et un GPU de nouvelle génération, compatible avec le ray tracing et le mesh shading. À la clé : des apps deux fois plus rapides, une image plus fine, un rafraîchissement porté à 120 Hz et une autonomie atteignant 2h30 en usage classique, voire 3h en lecture vidéo.
Côté confort, Apple introduit un bandeau tissé à sangle double plus ergonomique, offrant un meilleur équilibre grâce à ses inserts en tungstène. Ce nouvel accessoire, disponible en trois tailles, peut être acheté séparément, y compris par les possesseurs de la première version.
Le casque est livré avec visionOS 26, qui enrichit l’expérience logicielle : widgets spatiaux, Personas plus réalistes, nouveaux contenus immersifs (films, sport, concerts), et meilleure prise en charge des vidéos 180° et 360° issues de caméras GoPro ou Canon. Pourtant, malgré ces ajouts, un constat persiste : rien ne change vraiment.

Une "deuxième génération" en trompe-l’œil
Pas de nouveau design. Pas de baisse de prix. Pas de virage stratégique. Juste une mise à jour incrémentale, dans la plus pure tradition des produits qu’Apple ne sait plus vraiment comment faire évoluer.
Pour un casque présenté en 2023 comme "révolutionnaire", vendu aujourd’hui à partir de 3 699 €, cette révision, aussi soignée soit-elle, ressemble davantage à un sursaut d’entretien qu’à un véritable second souffle. La discrétion du lancement en dit d’ailleurs long : aucun événement dédié, pas de keynote, pas de Tim Cook sur scène. L’annonce du Vision Pro M5 s’est limitée à un simple communiqué de presse, noyé parmi d’autres mises à jour de Mac et d’iPad.
28 mois plus tard, toujours aucun "killer use case"
Depuis sa présentation, le Vision Pro accumule les difficultés : adoption lente, applications rares, prix dissuasif, marché restreint à quelques pays. Malgré ses promesses de révolutionner la productivité, le divertissement ou la création, aucun usage réellement incontournable n’a émergé.
Le casque reste lourd, coûteux et socialement encombrant. Regarder des films ? Un téléviseur OLED fait mieux. Jouer ? Les titres compatibles sont peu nombreux, les performances inégales, et la manette PS VR2 peine à convaincre. Travailler ? L’écran virtuel du Mac impressionne lors des démonstrations, mais taper au clavier sans voir ses mains reste frustrant.
Même les grandes applications, Netflix, YouTube, Microsoft Office, n’ont pas suivi. Deux ans plus tard, l’App Store du Vision Pro demeure trop vide pour justifier un tel investissement.

Apple dans une impasse stratégique
Apple ne peut ni abandonner, ni relancer réellement le Vision Pro. L’arrêter serait un aveu d’échec pour un produit ayant englouti des milliards en R&D et mobilisé des équipes entières pendant des années. Le pousser plus loin nécessiterait une refonte totale, assortie de choix clairs sur son positionnement, ce que la firme ne semble pas prête à assumer.
Résultat : Apple entretient l’illusion du progrès à coups de mises à jour techniques et de marketing policé. Mais derrière l’habillage, le produit reste figé, privé d’élan comme de vision.
Le Vision Pro M5 incarne un paradoxe rare chez Apple : un concentré de technologie sans réelle utilité grand public. Une prouesse d’ingénierie qui n’a toujours pas trouvé sa place. Et si Apple ne parvient pas à redéfinir ce produit dans les années à venir, par un repositionnement tarifaire, des cas d’usage clairs et un écosystème enfin attractif, le Vision Pro pourrait bien rejoindre un jour la liste des ambitions inachevées de Cupertino.
