Radio France s’enfonce dans la crise à la veille de la rentrée : l’intersyndicale lance une grève illimitée, dénonçant le blocage de la direction et l’absence de dialogue sur l’avenir des antennes et des salariés. Face aux suppressions d’émissions, à la réorganisation des stations et à la précarisation croissante, la mobilisation prend une ampleur inédite. Un mouvement qui interpelle alors que France Inter, France Culture et l’ensemble du service public audio vivent un tournant historique.
Pourquoi la grève illimitée touche Radio France et France Inter ?
Depuis plusieurs mois, l’audiovisuel public traverse une période d’incertitude aiguë, marquée par des restrictions budgétaires qui fragilisent l’ensemble des rédactions.
La décision de la PDG Sibyle Veil de ne pas ouvrir de négociations avant le lundi 14h, malgré l’insistance de l’intersyndicale CGT, CFDT, SNJ, FO et UNSA, a cristallisé la colère. Les syndicats dénoncent la suppression progressive de reportages et d’émissions d’investigation, comme « Secrets d’Histoire » ou « Interceptions », au profit d’une grille plus resserrée et moins ambitieuse.
La situation est particulièrement tendue du côté de Mouv’, qui, dès cette rentrée, basculera vers un modèle 100% musical et digital, ne conservant que deux salariés.
Ici, ex-France Bleu, subit également une transformation profonde, perdant en lisibilité et en ambition éditoriale, sous l’effet du rapprochement avec France 3 et des arbitrages économiques. Autant de décisions qui, selon l’intersyndicale, mettent en péril « nos métiers, nos missions et notre attachement à Radio France ».
Un climat inédit pour France Inter et France Culture en direct
La grève illimitée risque de bouleverser la rentrée de France Inter, première radio de France, et de France Culture, toutes deux très exposées à la mobilisation de leurs équipes. La direction de Radio France, jugée inflexible, se limite pour l’instant à proposer des groupes de concertation sans revenir sur les réformes structurelles contestées. L’absence de rendez-vous de négociation, alors que le préavis de grève court depuis le 11 juillet, accentue le fossé entre direction et salariés.
Pour les auditeurs, la conséquence immédiate se traduit par des programmes bouleversés, des émissions supprimées ou allégées, et une incertitude persistante sur la ligne éditoriale de la rentrée. Le mouvement, qui intervient dans la foulée de la réforme de l’audiovisuel public portée par Rachida Dati, reflète une inquiétude plus large sur l’avenir du service public et la place de l’information indépendante sur les ondes françaises.
Quel avenir pour Radio France après la grève ?
Le bras de fer entre les syndicats de Radio France et la direction autour de la grève illimitée pose la question de l’équilibre entre réformes et mission de service public. France Inter, France Culture et l’ensemble des antennes sont à un moment charnière, où la voix des salariés et des auditeurs devra peser sur les choix futurs.
L’issue de ce conflit déterminera la capacité du service public à rester un repère d’information et de culture face aux défis budgétaires et politiques qui s’annoncent.
Sources : LeMonde, l'Humanité