Tout le monde en parle, c’est le phénomène du moment, aux oubliettes les métaverses et autres plateformes de réalité virtuelle. Depuis novembre de l’année dernière, nous sommes entrés dans l’ère de l’intelligence Artificielle.
Que ce soit pour vous fournir des images générées sur mesure suivant les mots-clefs que vous encodez, en dépit de la colère des artistes sur le sujet, ou pour générer un texte sur un sujet précis afin de résumer par exemple un livre pour votre cours de littérature, ou une fiche produit pour une boutique en ligne.
C’est un véritable phénomène de société tant ses répercussions sont multiples, il suscite beaucoup d’euphorie particulièrement dans le domaine de la TECH et de la création artistique.
DALL-E, Midjourney, Chat-GPT, Bard… Ces noms reviennent sans cesse dans les médias. Qu’ont-ils en commun? Crées pour nous ressembler, leur programmation tend à nous imiter, à recréer nos schémas de pensées, à reproduire nos méthodes créatrices pour générer à leur tour quelques chose de nouveau.
Comment? Ce sont des algorithmes qui sont liés à des bases de données qu’ils alimentent continuellement au fil de leurs progressions pour générer ensuite de nouvelles idées.
Smallville – Le Village où il fait bon vivre pour les IA
Non, ce n’est pas la ville où a grandi superman dont il est question, mais d’une étude très sérieuse de l’université de Stanford sur le comportement des algorithmes génératifs appelé « agents génératifs » dans une simulation de vie quotidienne ou pour rester fidèle à la traduction : Simulacres interactifs du comportement humain.
« Dans cet article, nous présentons les agents génératifs, des agents logiciels informatiques qui simulent un comportement humain crédible. Les agents génératifs se réveillent, préparent le petit-déjeuner et se rendent au travail ; les artistes peignent, tandis que les auteurs écrivent ; ils se forgent des opinions, se remarquent les uns les autres et entament des conversations ; ils se souviennent des jours passés et y réfléchissent tout en planifiant le jour suivant. » Pour télécharger le PDF (en haut à droite de la page) : Cornell University
Chaque agent est un algorithme qui va « vivre sa vie », il se lève le matin, fait sa toilette, son déjeuner, interagit avec son environnement et part travailler, revient le soir et opère les rituels domestiques sommaires.
Et cela est répété de jour en jour à la différence que ce n’est pas une simple répétition de séquence formant une boucle, ils enregistrent ce qu’ils font, les interactions qu’ils ont eux et s’en servent pour les interactions futures ainsi en plus d’agir et d’interagir, ils se souviennent et réagissent en conséquence.
C’est ce qui change la donne, la programmation d’une IA de type ChatGPT répond en corrélation avec la requête formulée par l’individu humain et se limite stricto sensu au contexte établi par l’utilisateur.
Dans cette simulation, les agents prennent l’initiative d’engager une requête dès lors qu’un autre agent est à portée et s’enchaîne ainsi des requêtes aléatoires suivant le contexte où sont situés les agents, donnant l’impression qu’une discussion a lieu comme aurait pu l’avoir deux êtres humains voulant s’échanger des informations aussi utiles que futiles.
Les « PNJ » (Personnage non-joueur ou NPC en anglais pour Non-Playing Character) sont un élément central dans les MMORPGs, ils participent à donner du contenu aux travers des quêtes et des histoires qu’ils nous racontent, toutefois à l’heure actuelle, ils ne sont que des boîtes de dialogues se déplaçant d’un point A au point B suivant une programmation déterminée.
Jusqu’à maintenant…
Vers des Personnages Non-Humain Joueurs ? (PNHJ)
Dans un monde virtuel où ces agents génératifs puissent s’épanouir dans un contexte élaboré, mais défini et dont nous leur laissons la liberté d’initier et d’entreprendre. Ne deviendraient-ils pas des simulacres de « joueurs non-humains »?
Générant des besoins et des richesses, autonomes, offrant une part d’inattendu, jusqu’où irait cette simulation ?
Imaginons une licence comme Star Citizen si d’aventure les PNJ que Chris Roberts veut générer soient réalisées sur base d’agent génératif comme algorithme. Nous éprouverions beaucoup de difficulté à différencier un joueur d’un agent vu que tous deux feront les choses de manière très similaire.
Westworld: Le futur des MMORPGs?
Ce n’est pas pour rien que les instigateurs de ce projet d’étude ont nommé leur serveur « rêverie » pour leur simulation. Il fait directement référence à la mise à jour dans la série « Westworld » de HBO qui améliore les hôtes pour devenir plus « humain » et marque le début de l’intrigue principale de la série autour des thèmes sur la conscience, le libre arbitre et l’autodétermination.
Pour ceux qui n’ont pas vu la série (qui est elle-même issu d’un film). Westworld est un parc d’attraction qui invite ses visiteurs à expérimenter une autre vie dans un scénario se déroulant principalement au far west, période trouble des États-Unis où l’argent et les règlements de comptes armés font loi.
Les invités sont donc libres de faire ce qu’ils veulent, même si cela va à l’encontre des bonnes mœurs, car après tout, les androïdes qui peuplent ce parc sont spécialement conçus pour jouer les victimes afin que les visiteurs en aient pour leur argent.
Ce pourquoi moi, j’ai toujours comparé les MMORPG à des parcs d’attraction, et à vrai dire, avec un perfectionnement de ces agents, il ne serait pas impossible de voir un MMORPG sur le thème de Westworld histoire de « boucler la boucle ».
Cette technologie pouvant être utilisée dans tout monde de type « RPG », cela contribuerait à améliorer les contenus vidéoludiques et accroître l’immersion dans ces univers, à tel point que la ligne de séparation entre la réalité (enrichie par la VR) et le fictif, ne soient quasiment plus perceptibles.
Le risque d’anthropomorphisme
Aujourd’hui, bon nombre de personnes sont déjà victimes de l’intelligence artificielle, car il est difficile dans certains cas de déterminer avec exactitude l’identité réelle de ce avec qui ou quoi, nous échangeons, que ce soit par messagerie textuelle ou par appel vocal. Malheureusement, utilisées jusqu’à lors pour des desseins malveillants.
Le « risque d’anthropomorphisme » comme expliqué dans le PDF, qui se définit par la tendance à attribuer à l’IA (Algorithme) des caractéristiques propres à l’homme (sous-entendu, capacité à ressentir et s’émouvoir plus particulièrement), peuvent avoir des effets désastreux sur les personnes ayant des dispositions psychologiques à risque souvent en relation avec une vie sociale solitaire et des troubles affectifs reconnus.
Rappelez-vous de cet ingénieur de Google qui avait publiquement déclaré que l’I.A sur laquelle il travaillait était aussi consciente que ses collègues. Ou de cet homme qui a mis fins à ses jours à cause de ses échanges avec un Chat-Bot. Dans le cas de l’ingénieur, aucune donnée sur son état psychologique ne vient démontrer qu’il était une personne psychologiquement fragile, ce qui était le cas pour la deuxième personne.
Bien sûr, Google a répondu dans le Washington post que son algorithme était encore très loin d’avoir les caractéristiques d’une IA dite « forte » signifiant ayant une conscience de soi et une pleine autonomie pour résoudre des problèmes complexes.
Mais il est clair qu’une simulation aussi réelle dans un jeu vidéo de l’envergure d’un MMORPG vaste et complet, où se mêlerait joueur humain et « joueur algorithmique », pourrait engendrer des problèmes d’addiction assez sévère, et avec les personnalités non-humaines qu’il côtoiera ; Cela ne fera qu’accentuer encore plus le phénomène de « déconnexion » avec la réalité.
Conclusion
Toute nouvelle technologie amène son lot de fantasme, mais aussi ses dérives qui pourront potentiellement mettre en péril le fonctionnement normal des personnes qui seront impactées par cette technologie.
Comment nous en sortirons nous cette fois-ci, quand on a conscience que ce monde fonctionne principalement sur l’appât du gain ? Et bien sûr aussi, sur la génération d’addiction légalement soutenue inhérente à l’appât du gain ?
Elon Musk, ainsi que d’autres personnalités, ont signé une pétition pour arrêter les recherches sur l’IA afin de laisser le temps aux législateurs de poser un cadre pour protéger les consommateurs ; Toutefois, le même protagoniste s’est aussi empressé de créer sa société pour la recherche sur l’IA.
Notre recherche frénétique d’expérience et de réalisme dans le monde de divertissement nous amènent sur des chemins de plus en plus complexes et incertains, un chemin où nous créons des produits de plus en plus sophistiqués pour répondre à nos besoins de plus en plus exigeants, mais qui deviennent aussi les armes marketing de plus en plus efficace pour l’addiction à ces produits.
Est-ce que ces désirs violents, finalement, auront bien une fin violente ? Qu’en pensez-vous ?